Couvet (Suisse)

Swiss Canyon Trail

Enfin le retour des compétitions et autres courses hors-stade. Denis inaugure cette reprise pas de n’importe quelle façon, direct avec un ultra et ainsi inaugurer le nouveau maillot de Janzé de belle manière ! il a eu la gentillesse de nous faire parvenir son récit histoire de vous mettre l’eau à la bouche ! Bravo à toi pour ta performance et ta prépa qui n’a pas due être simple à gérer avec toutes les contraintes imposées ces derniers mois:

« Le 05 juin 2021,

Inscrit depuis plus de 18 mois, le Swiss Canyon Trail annulé en 2020 a bien lieu le 05 juin 2021.

Epreuve que l’organisation appelle le 111 et qui fait officiellement 112,6 km selon l’organisation.

Après une préparation compliquée, couvre-feu à 19h m’empêchant de courir le soir, obligation de trouver quelques créneaux en semaine le midi, quelques blessures pendant la prépa. Au global un volume (horaires et de km) moins important que pour les précédents ultras que j’ai essayé de compenser par plus de sorties longues les week-ends et plus de « renforcement musculaire ».

Sans oublier bien sur les très bons conseils de mon ami Patrick, entraîneur diplômé qui a élaboré la plus grande partie de mes préparations à mes épreuves précédentes.

Accompagné de mes 2 filles, je pose mes valises à Couvet Vendredi 4 juin, dans un logement situé à 800 mètres du départ. Le soleil est au rendez-vous. Il faut en profiter, on ne le reverra pas beaucoup du weekend.

Nous retrouvons et dinons avec 2 autres Jacolandais qui sont venus également faire cet Ultra Trail. Nous étions ainsi 3 participants à représenter la commune de St Jacques de lande.

Samedi 05h00, ce moment tellement attendu et redouté est en face de moi.

Après les gros orages de la nuit, la météo s’annonce très pluvieuse, elle ne se sera pas trompée.

Sous des trombes d’eau, nous prenons le départ, il ne cessera de pleuvoir qu’en fin de matinée. L’après-midi ne sera pas sec, nous aurons quelques averses mais plus les fortes pluies du matin.

Direction « Noiraigue », le premier ravitaillement après une douzaine de kms. Pas de soucis, ça passe bien avec quelques singles et pas mal de chemins stabilisés.

Il est temps d’attaquer la 1ère difficulté du parcours, le col des petites fauconnières, normalement le plus beau point de vue de la course, en haut de magnifiques canyons. Malheureusement, on ne verra que la pluie et le brouillard. Un peu moins de trois heures de courses, 20 kilomètres avalés et un peu plus de 1300 de d+.

Et on redescend pour remonter sur l’autre point de vue exceptionnel du Swiss Canyon Trail, « le Chasseron » (toujours dans le brouillard). Ça devient vraiment technique, de multiples pierriers et des descentes raides accompagnent notre traversée de la région. La côte est interminable, 2h20 de montée. Toujours de la pluie et du brouillard. Il faudra attendre la 7ème heure de course pour que le ciel se dégage un peu.

Ravito des 40 km, mes stocks d’eau sont vides, je procède au remplissage. Quelques mètres plus loin, la poche à eau me lâche, ne me reste plus qu’une flasque de 0,5l.

Heureusement, je retrouve mes filles au 47ème qui me donnent une gourde de 0,7l. La gourde « vélo » n’est pas très pratique mais avec la flasque et la gourde, j’aurais suffisamment d’eau pour gérer entre chaque ravito.

Sur le papier il y a juste dix bornes jusqu’au prochain ravitaillement mais dans les faits on commence par une magnifique montée de 900m dans les cascades, un passage assez sublime et on bascule sur les arrêtes de Beaulmes. Il ne faut pas avoir le vertige ou faire ça de nuit, c’est un passage très technique où il est difficile de courir (à mon petit niveau). J’y passe pas loin de deux heures trente.

Quand on croit que c’est fini, qu’on se dis que le ravito doit être tout proche, nous arrivons sur un site d’escalade où l’on doit descendre dans une pente raide caillouteuse grâce à l’aide d’une corde. Les cuisses ont très moyennement apprécié. Quand arrive le ravito, on comprend que l’on est tous dans le même état, on vient de vivre un des moments les plus durs de l’ultra. La fatigue est au rendez-vous et nous sommes justes à la moitié du parcours.

Arrive le « coup de pas bien » Les jambes sont très lourdes, je ne peux plus rien avaler, juste de l’eau et encore. Je passerais les 3 prochaines heures à mettre un pied devant l’autre à attendre le ravitaillement des 75.

Aux gorges de Noirveaux (base de vie des 75 km), les filles sont là, ce qui me remonte le moral. Je change de tee-shirt et de chaussettes, je passe 30mn et me repose un peu. Toujours pas possibilité de manger, je prends un verre de Coca, ce qui est toujours ça de pris.

Je passerais en tout près de 5h sans rien avaler hormis un peu d’eau pure.

Et on assiste au miracle de l’ultra, après ces moments difficiles, la forme revient, sur les portions roulantes qui suivent, je peux recommencer à courir. A trottiner du moins.

On a quitté la montagne pour retrouver des chemins forestiers et même parfois un peu de bitume. Sacrilège chez un traileur mais je suis content de courir dessus, pas besoin de réfléchir, on pose un peu son cerveau.

Le ravito du 83 arrive plus rapidement que prévu, j’y prends un bouillon de légumes qui me fait du bien. Je ne tente pas l’assiette de pâtes proposée mais ça va clairement mieux. Je peux repartir plus serein.

Le ravito du 95eme km « Chapeau de Napoléon » n’arrive pas. Sans prévenir les coureurs, l’organisation l’a décalé au 99ème. Au final, je me dis que c’est tant mieux, qu’il restera moins de km après cet arrêt.

Le parcours est plutôt roulant et je trottine une grosse partie du trajet. Au 99ème, je prends enfin mon assiette de pâte que mon estomac attendait depuis plusieurs km.

Je repars et continue à trottiner dès que c’est possible. Du moins sur les descentes et le plat, j’ai depuis longtemps oublié ce que c’était de courir en côte.

Sans avoir la fraicheur des 1èrs km, la forme est là, les jambes sont bien sûr douloureuses mais permettent quand même de courir.

Du 80ème km à l’arrivée, je double de nombreux coureurs, c’est bon pour le moral. L’analyse des infos « livetrail » après l’arrivée me confirmera que j’ai remonté progressivement dans le classement à partir du 75ème.

Viennent ensuite 2 bosses de 300-400m de d+ chacune avec des descentes dans les bois, sur des sentiers glissants et pas roulants. Je fais très attention aux pierres et aux racines, je suis un très mauvais descendeur et ce serait dommage de se faire une entorse si près de l’arrivée.

Vient ensuite le ravitaillement des 108, plus que 5 km. Après une dernière descente très glissante pour laquelle des chaines et des cordes étaient bien aidantes, arrivent les 3 derniers km sur lesquels il est possible de courir.

Les jambes sont au rendez-vous, j’entends les pas de 2 autres coureurs qui remontent sur moi, ce qui me booste pour terminer.

Je passe les 2 derniers km en 6’15 et 5’08/km, je passe la ligne d’arrivée en sprint (3’55/km selon garmin) et je retrouve mes filles et les 2 autres Coureurs de St Jaques de la Lande qui ont gentiment attendus mon arrivée.

Ce sprint final m’a donné un plein d’énergie, malgré les 20h32 de course et l’heure tardive (01h30 de matin), je me sens en forme, super heureux d’avoir vaincu cet « Swiss Canyon Trail ».

C’est la 1ère fois que je réalise cette distance (114km à ma montre) et ce dénivelé mais la 1ère également sur un ultra que je termine aussi bien.

Je termine à la 275ème place sur 500 partants environ.

Même si j’aurais aimé mieux apprécier les paysages, ce qui a été contrarié par la météo, l’organisation était top, le parcours très sympa. Le Swiss Canyon Trail est vraiment une épreuve à conseiller.

Une belle expérience qui donne envie d’en vivre d’autres mais place maintenant à la récupération. »

 

 

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