Article du journal Ouest-France (publié le 5 avril 2024), écrit par Cyril Petit
12,4 millions de coureurs, 9 sorties par mois, 120 € les chaussures… Les tendances 2024 du running
Le nombre de coureurs augmente ; les kilomètres parcourus et les courses organisées aussi ; le peloton se féminise ; le marché dépasse le milliard d’euros… À la veille du Schneider Electric marathon de Paris 2024, voici les principaux enseignements de la dernière édition de l’Observatoire du running réalisée par Union Sport & Cycle.
À part pendant le Covid, on n’a jamais autant gambadé en France. En 2024, 12,4 millions de Français déclarent courir, ce qui représente 25 % de la population. En comparaison, ce nombre était estimé à 12 millions en 2023, à 6,6 millions en 2000, mais à 13,4 millions en 2021, en pleine période du Covid. Parmi les runners, environ 8 millions courent au moins une fois par semaine. Ces coureurs réguliers sont 66 % de l’ensemble des coureurs : un chiffre en hausse de 12 points depuis 2017 (5 millions de coureurs réguliers). « Il y a en plus en plus de coureurs et ils courent de plus en plus régulièrement », se réjouit Virgile Caillet, délégué général d’Union Sport & Cycle.
C’est une des tendances marquantes de l’Observatoire 2024 du running, réalisé par l’Union Sport & Cycle, la première organisation professionnelle des entreprises du sport, des loisirs, du cycle et de la mobilité active, et présenté vendredi 5 avril 2024 à Paris deux jours avant l’épreuve la plus courue de France : le Schneider Electric marathon de Paris. Cette étude a été réalisée fin janvier 2024 auprès de 3000 Français représentatifs de la population, dont 1900 coureurs.
Un peloton qui se féminise
Depuis quelques années, le peloton se féminise : les femmes représentent aujourd’hui 51 % des coureurs, mais 70 % de ceux qui courent depuis moins de 5 ans. Les femmes, en revanche, courent moins souvent que les hommes. « Chez ceux qui courent une fois par semaine, on est presque sur la parité mais plus on va vers l’intensité, plus c’est masculin », indique Virgile Caillet. « Je cours au moins tous les jours », indique de con côté la championne Anaïs Quéméner, qui, au quotidien, observe aussi une féminisation de la course à pied.
9,06 sorties par mois et 9,8 km en moyenne
Nous pratiquons davantage, selon l’analyse fournie par le site #RunningHeroes, une communauté qui réunit 750 000 membres en France. En moyenne, les coureurs et coureuses français ont effectué 9,06 sorties par mois en 2023, contre 8,5 en 2022. Ce qui équivaut à environ deux sorties par semaine. C’est en octobre 2023 que les Français ont le plus gambadé (9,6 sorties) tandis qu’ils sont davantage restés à la maison (ou en vacances) en juillet (8,5 sorties).
En moyenne, les sorties pour courir en 2023 ont duré 60 minutes, pour 9,8 kilomètres. Allure moyenne : 6,12 minutes par kilomètre.
La santé d’abord
Mais pourquoi les Français courent-ils ? « Il y en a pour tous les goûts ; le running répond à toutes les aspirations de la société mais les grandes tendances consistent à faire du bien à son corps ou à son esprit », précise Virgile Caillet. Selon l’Observatoire de l’Union Sport & Cycle, les raisons liées à la santé sont en tête. 59 % disent le faire pour être en bonne santé et 58 % pour entretenir leur corps. 50 % le font pour se détendre et évacuer le stress. Pour 37 %, il s’agit de prendre du plaisir. En revanche, seulement 23 % courent pour la compétition, ainsi que le montre le graphique ci-dessous.
2,3 millions de résultats
Selon le baromètre Finishers de la Fédération française d’athlétisme, présenté en partenariat avec l’Union Sport & Cycle, la ligne d’arrivée d’une course en France en 2023 a été franchie 2,3 millions de fois (pas seulement par des Français et parfois plusieurs fois par un même coureur). C’est 22 % de plus qu’en 2022, mais 13 % de moins qu’en 2019.
C’est l’Île-de-France qui a accueilli le plus de finishers en 2023 (plus de 400 000) mais c’est dans la région Pays de la Loire que l’évolution a été la plus forte sur un an (+ 36 %).
10 785 courses ont été organisées en France l’an passé, dont 4 268 trails, 3 932 courses sur route et 2 100 cross-countrys.
Le trail en force
La pratique du trail continue d’augmenter même si elle se fait souvent en parallèle de la course sur route. Il y a d’ailleurs eu une hausse des courses sur route plus importante que le trail en 2023. Ainsi seulement 2 % des runners ne courent que des trails, mais 39 % cumulent trail et running tandis que 59 % pratiquent seulement le running. Les mots les plus associés au trail pour l’ensemble de l’échantillon sondé (les coureurs et les non-coureurs) : nature, effort et endurance. Et pour le running : plaisir, sport et liberté.
« Le trail est un moteur mais avec une portée médiatique particulière », précise Adrien Tarenne, responsable développement des pratiques FFA. En résumé : on parle davantage du trail mais la tendance des courses sur route augmente plus rapidement. En ce qui concerne le nombre de résultats, l’écart se creuse même entre le trail (854 000, + 16% par rapport à 2022) et la course sur route (1,4 million de résultats, + 25%), au profit de cette dernière.
217 finishers par course en moyenne
En 2023, le nombre de finishers moyen par course en France a été de 217 (contre 233 en 2019). « Il y a donc beaucoup de petites courses », précise Adrien Tarenne. Contre-exemple : le marathon de Paris réunit environ 50 000 coureurs.
110 € la paire de chaussures
85 % des coureurs utilisent des chaussures spécifiques pour le running ou le trail. Leur coût moyen : 110 €. Par ailleurs, 25 % des coureurs le font avec une montre connectée et 65 % avec un textile technique adapté. 80 % des runners se disent intéressées par des chaussures éco-conçues… mais pas à n’importe quel prix, puisque 74 % ne sont pas prêts à payer plus de 120 € la paire. « Le renouvellement se fait en moyenne à 17 mois », a précisé Virgile Caillet.
Le délégué général d’Union Sport & Cycle indique : « L’ensemble du marché pèse désormais plus d’un milliard d’euros, ce qui en fait le premier marché sportif en France, si on met de côté le vélo à 3 milliards d’euros. »
Bientôt de futurs runners ?
Le peloton va-t-il grandir dans les prochains mois ? Selon l’Observatoire 2024 de l’Union Sport & Cycle, 8 % des non-runners souhaitent débuter la course à pied. Parmi les raisons qui incitent à passer le pas : les amis ou collègues qui pratiquent (30 %) devancent la problématique de la perte de poids 18 % ou l’avis du médecin (15 %). Quant aux raisons de l’arrêt de la course, les blessures et douleurs récurrentes arrivent en tête (21 %).
Aujourd’hui, 57% des runners consomment du contenu lié au running et 18% indiquent suivre des influenceurs. « On s’informe, on consomme running, on se fait aussi plaisir », précise Virgile Caillet. L’effet Jeux olympiques et paralympiques à Paris, avec notamment le Marathon pour Tous, devrait encore constituer une source de motivation pour celles et ceux qui hésitent à enfiler des baskets.