Ils sont cinq Janzéens à s’être qualifiés pour Houilles, ce week-end, dans les Yvelines, pour le championnat de France des 10 km sur route, et ils seront quatre présents : Fred, Basile, Wilfrid et Mathieu (Gabriel est forfait). Nous les avons interrogés pour l’occasion sur leurs parcours et leurs motivations.
Une spécialisation précoce
Comme Fred, Basile a commencé par courir derrière un ballon. Licencié deux ans à l’US Janzé, il a fini par échanger les crampons contre les pointes. Question d’ambiance. Celle du foot commençait à lui peser. Pas de hasard dans son choix mais une sorte d’évidence. C’était le foot ou l’athlé (il faut savoir qu’il y a un papa coureur derrière qui sans le faire exprès a peut-être un peu orienté son choix).
C’est donc en 2014 que Basile prend une licence. Il touche à tout, mais bientôt se rend compte qu’il n’y a que l’endurance qui l’intéresse. Il le dit lui-même : « j’ai su très vite que la longueur ou le poids n’étaient pas faits pour moi. A 13 ans, je me suis donc spécialisé en ½ fond. »
La fédé n’aime pas qu’on se spécialise à 13 ans (la norme c’est 16 ans), mais il faut reconnaître à certains jeunes le droit d’avoir des goûts affirmés assez tôt et de ne pas souhaiter pratiquer des disciplines pour lesquels ils n’ont aucune appétence. On retrouve d’ailleurs souvent ces jeunes dans ce domaine de l’effort long où le muscle qu’on aime le plus solliciter c’est le cœur. Ces jeunes, ce sont des athlètes du cœur. Les jambes ne sont qu’un outil.
Le Kansas pour révélateur (l’école américaine)
Bref, en 2014 Basile intègre le groupe de Samuel Chauvin, puis à quelques reprises celui de Michel Cochard, à Cesson. Il y retrouve avec plaisir ses potes, Keven (Georgelin), Victor (Coupée) et Romain (Théraud). Ils sont plus forts que lui, mais il s’accroche. Et ça, ça lui a plu tout de suite. Pour autant à l’époque il court très peu. Deux fois par semaine en moyenne. Les résultats ne sont pas au rendez-vous et la motivation lui fait parfois défaut.
Coup de chance, en 2019 le voici arrivé aux States, dans un lycée du Kansas, où il passe un an. Il doit y travailler le « globish » (global english) et rien ne vaut pour cela le footing blabla. La course est l’occasion de faire des rencontres et de parler. C’est aussi le moment de réaliser que la semaine ne compte pas que deux jours. Il ne paraît pas comme cela, mais c’est un bavard, Basile, quand il s’y met. Et le voici rendu à six entraînements par semaine. Il n’a que le samedi pour nettoyer les chaussures et laver les maillots.
La naissance des courbatures
« Je n’ai jamais eu autant de courbatures de ma vie. C’était brutal et rapide mais les infrastructures américaines m’ont aidé à ne pas me blesser (cryothérapie, massages, étirements, musculation…) » Quand tu vis à un tel rythme, c’est la mort en trois mois ou le déclic. Pour Basile, c’est une révélation. Il se découvre des ressources insoupçonnées. Le cœur capillarise et envoie son énergie à tous les segments d’un corps qu’il découvre.
Le dimanche, il a cross sur 5 km. Le premier, il le court en 21′. Pour le dernier, après quatre mois de ce travail acharné, il est en 18’21. Presque trois minutes en quatre mois. À ce rythme-là, il allait accoucher du record du monde du 5000m en moins de neuf mois. Il était donc temps de rentrer. Mais pas de pot, c’est le temps du Covid. On mettra par conséquent un an à se rendre compte que le Basile, ce n’est plus le même.
Record à battre : 32’23 sur 10 km
En 2021, il reprend une licence, intègre pour de bon le groupe de Michel Cochard, tout en s’entraînant à Vannes pour ses études avec les locos de l’APV, 3e club breton. Les résultats ne tardent pas. Cette saison 2021-2022 est sa plus belle. Il se qualifie aux France de cross, aux Mureaux (203e junior) et fait de très belles courses toute la saison, aussi bien sur piste que sur route.
Au passage, il établit un record à 32’23 sur 10 km. C’est la référence pour nos cinq athlètes Janzéens qui font le déplacement de ce week-end à Houilles.
Blessé une partie de l’hiver (abandon aux départementaux de cross, puis forfait aux Pré-France), tout en étant pourtant « extrêmement rigoureux sur l’alimentation, le sommeil, l’hydratation et les étirements« , il est un peu dans l’inconnu en ce début de printemps. L’objectif à Houilles est de casser la barre des 32′, mais l’essentiel est surtout de ne pas se reblesser.
Passer outre les houilles houilles houilles
Il voudrait aussi passer cette année le cap des 4′ sur 1500 m et tester 3000 et 5000 m sur piste, puis faire un beau 5 km sur route.
Bonne chance, Basile, nos cœurs sont au diapason du tien et on t’encourage très fort.
Basile à Saint-Marc le Blanc et à Liffré cet hiver, à Montfort et à Janzé en 2022 (avec Gabriel) et auparavant encore à Combourg et à Eu (2022). Avec Michel Cochard, son entraîneur EAC.